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Élargir le lien à la cité

J’ai toujours souhaité, dans mon projet pour l’Université de Strasbourg, qu’elle soit ouverte sur sa ville. Cela peut sembler à certains une tautologie, à d’autres un vœu pieux, à d’autres enfin une préoccupation secondaire. Cette ambition s’est traduite, dès 2009, par la création d’une vice-présidence “Sciences en société”,  alors unique en France, affichant ainsi clairement la priorité politique de ces actions. Elle se concrétise  quotidiennement par des actions de médiation (conférences, débats, interventions en milieu scolaire ou auprès des publics empêchés…), par la présence des associations étudiantes dans la ville, par nos événements culturels, par notre ambitieuse politique pour la diffusion de la culture scientifique et, plus récemment, par notre engagement dans le contrat de ville.

Or depuis l’inauguration de notre parc de l’université, au milieu du campus de l’Esplanade, cette ouverture sur la cité prend une nouvelle dimension. Tout d’abord, parce que les Strasbourgeois n’ont pas attendu pour s’approprier le lieu. N’a-t-on pas vu dès les beaux jours des mamans avec leurs poussettes ? Des personnes pique-niquer sur les tables ? Des étudiants faire la sieste sur les pelouses ? Mais nous avons aussi investi cet espace, notamment lors des événements de rentrée et des Journées du patrimoine. Et voilà que, lundi dernier, des containers ont pris place dans le parc, prélude à quatre jours de performances, de débats et de projections immersives orchestrées par le festival L’Ososphère, qui doivent révéler un autre visage de notre campus et nous interroger sur ses rapports avec les quartiers qui le jouxtent et, plus généralement, sur les mutations urbaines en ce début de XXIe siècle.

Ouvrir l’université sur la ville, c’est faire tomber les murs, souvent invisibles, mais psychologiques, qui feraient de notre campus une cité interdite. C’est aussi « dépasser les frontières », thématique de notre projet stratégique quinquennal et de notre Initiative d’excellence. Les événements de cet automne sont l’occasion d’élargir nos actions, de leur donner plus de visibilité. C’est aussi une incitation pour nous tous à poursuivre dans la voie déjà engagée.

Alain Beretz
Président de l’Université de Strasbourg

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Dans le nouveau parc de l’université, L’Ososphère trace un parcours artistique étonnant

Mathieu Schneider et Thierry Danet

L’Ososphère, acteur protéiforme incontournable de la scène culturelle strasbourgeoise, s’empare du nouveau parc de l’université. Rendez-vous du 12 au 15 novembre, pour assister au déploiement d’un jardin hiver* à la croisée des arts numériques, de la musique électronique et de la performance réflexive.

L’Ososphère a pris ses quartiers à la Laiterie (quartier gare) depuis ses débuts, en 1998 ; plus tard, elle s’est déplacée en ville, sur le mole Seegmuller, puis à la Coop (Port du Rhin). Pourquoi le choix d’une résidence à l’université aujourd’hui ?

Thierry Danet, directeur de L’Ososphère : Ce projet s’inscrit dans la lignée de ce que nous cherchons à faire depuis les débuts : accompagner le changement en train de s’opérer dans la société, par le biais d’une de ses mutations majeures − le numérique. Donner à voir autrement l’espace public, voire même le créer, implique d’accompagner la trajectoire de la ville qui se fait. Raison pour laquelle L’Ososphère a progressivement étendu son champ d’action vers l’est. Naturellement, l’université, là aussi un lieu en mutation, s’est trouvée sur notre chemin. Et tout ceci est rendu physiquement possible par la situation du campus à proximité directe de la ville.

Mathieu Schneider, vice-président Sciences en société : Pour être honnête, je ne me souviens plus si l’idée d’une collaboration est venue de L’Ososphère ou de l’université. Notre partenariat remonte au moins à 2007, date à laquelle la Laiterie a été intégrée au dispositif Carte culture. L’idée était de ne pas faire des musiques actuelles et des arts numériques un cas « à part » dans le domaine culturel, sous prétexte que c’est dans ces genres que les jeunes se reconnaîtraient le plus. Au contraire, nous voulions montrer que ces formes d’expression artistique peuvent parler à tous, parce qu’elles nous interrogent sur notre quotidien et parce qu’en tant qu’arts urbains, elles posent un regard sur la ville et notre environnement proche.

De quelle manière L’Ososphère a-t-elle intégré l’élément « université » à son travail pour cette résidence ?

T. D. : C’est dans l’ADN de L’Ososphère de s’extraire à chaque fois d’une façon de faire-réflexe. Par exemple, la ville, ce mot que j’utilise souvent, des chercheurs, passent une vie à y réfléchir. De là est née l’idée des cafés-conversatoires, à mi-chemin entre performance artistique, conférence savante et implication citoyenne. J’insiste aussi, tout ceci est rendu possible par le climat qui règne à Strasbourg, propice au dialogue entre les disciplines, favorable à un frottement dans le sens du projet.

M. S. : Le principal point d’attache entre L'Ososphère et l’université est la mutation progressive de notre société de l’ère industrielle à celle dite « post-industrielle », dont le ferment est devenu le numérique. Or, ce qui concerne l’ensemble de la société touche nécessairement aussi nos pratiques pédagogiques  et la recherche qui a même dû intégrer cette nouvelle réalité depuis plus longtemps encore. Cet environnement numérique vient bouleverser le rapport de l’homme à la connaissance, mais aussi le rapport des hommes entre eux. L’université, en tant que communauté du savoir mais aussi communauté humaine, est donc confrontée à ce changement. C’est là qu’il m’a semblé que les préoccupations de L’Ososphère rencontraient les nôtres.

Un parc « vert et ouvert », c’était le vœu formulé à travers la mise en œuvre du plan campus.  Un parc « culturel », aussi ?

M. S. : La résidence de L’Ososphère s’inscrit tout particulièrement dans la deuxième proposition de notre slogan, celle d’un parc « ouvert ». Depuis que le parc est inauguré, on voit les riverains de l’Esplanade et de la Krutenau se promener dans les nouvelles allées et investir les lieux. Mais cette fréquentation est demeurée jusqu’ici passive. Il nous fallait donc lancer ce parc par une proposition active qui incite tous les Strasbourgeois à venir. Notre « jardin d’hiver » conçu avec L’Ososphère doit être le premier maillon d’une série d’actions culturelles qui vont faire vivre le parc. C’est d’ailleurs aussi la meilleure manière, selon moi, de prévenir des comportements déviants. Le nouveau parc doit être un lieu de vie, que doivent s’approprier la communauté universitaire et les habitants des quartiers adjacents.

* Cet événement inédit, soutenu par les Investissements d'avenir (Initiatives d'excellence), affirme la présence de l'université dans la vie culturelle de la cité et dans les débats de société qui l'animent.

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L'université reste mobilisée en faveur des réfugiés

Cours de français langue étrangère (Fle) et exonération des frais d'inscription pour des étudiants-réfugiés, soutien à une action de parrainage d'enfants syriens... Les mesures pour accueillir les réfugiés, notamment ceux en provenance du Moyen-Orient, se multiplient à l'Université de Strasbourg. Mais les moyens manquent : la Fondation lance donc un appel aux dons.

Comme tout étudiant qui fait sa rentrée, ils ont écrit leur prénom sur des papiers pliés posés devant eux. Sauf que ces étudiants syriens et irakiens ont fui leur pays en guerre, distant de milliers de kilomètres de cette salle de classe de l'Institut international d'études françaises (IIEF) où ils se trouvent ce mardi matin. Depuis la veille, lundi 2 novembre, ils s'attèlent à la difficile tâche de l'apprentissage du français, 17 heures par semaine.

La mise en place de ces cours s’inscrit dans la droite ligne de la lettre envoyée en septembre à Roland Ries par Alain Beretz. Dans ce courrier, le président de l’Université de Strasbourg s’associait à la main tendue du maire de la Ville aux réfugiés du Moyen-Orient. Après un vote en ce sens du conseil d’administration, un communiqué avait été diffusé, indiquant que l’Unistra exonérait d’inscription les réfugiés désireux d’étudier. « Ce n’est qu’après la sortie d’un deuxième communiqué trilingue, en français, anglais et arabe, précisant que les réfugiés devaient être arrivés en France après le 1er janvier 2015, que les demandes d’inscription ont commencé à affluer », explique Liliane Koecher, directrice de l’IIEF. « Tout s’est accéléré pendant les vacances de la Toussaint, poursuit Nadia Tettamanti, responsable administrative de l’IIEF.

Main dans la main avec Nadia Kardouz, en charge du guichet d’accueil du Platane, elle s’occupe de la constitution de dossiers. En cinq jours, le seuil pour la constitution d’un premier groupe de 25 étudiants a été atteint. « On n’ouvrira d’autres groupes que si l’on peut offrir à ces étudiants des conditions optimales d’études », insiste Liliane Koecher. Elle rappelle que l’ouverture d’un nouveau groupe coûte 13 000 € à l’IIEF, notamment pour l’embauche d’un professeur de Fle.

Trois heures pour fuir devant Daech

Dans la salle de classe, l’âge des élèves s’échelonne de 19 à 56 ans. Nombre d’entre eux sont ici avec leur conjoint, frère, sœur… Rivan est même accompagné de sa femme, ses deux sœurs et ses deux cousins. La famille Bekter est originaire d’un village proche de Mossoul, dans le nord de l’Irak. « Parce qu’on est chrétiens, on a dû tout laisser derrière nous. Daech. arrivait. On a eu trois heures pour partir. » Le niveau de langue est très échelonné. Certains, à l’image de Steven, parviennent à faire des phrases en français ; d’autres, qui ne disposent que de quelques mots d’anglais, se font traduire en arabe.

« On est face à un public très motivé », assure Elodie Duval, le professeur de Fle. À la clé : un diplôme d'université, qui pourra leur permettre de poursuivre des études supérieures. La plupart avaient un métier ou poursuivaient des études avant de partir, à l’image de Vinyan, infirmière ; Hossan, comptable ; ou encore Wajdi, étudiant en littérature anglaise à Damas. Le dispositif mis en place par l’Unistra permet aussi de s’inscrire directement en composante – à supposer que le niveau de français soit suffisant pour le faire –, mais pour le moment, ce dispositif ne concerne que deux personnes. « La maîtrise de la langue française est un préalable, à la poursuite d’études, mais aussi, tout simplement, à l’intégration », ajoute Liliane Koecher.

L'Université de Strasbourg est l'une des seules, avec Paris 1, à proposer un tel dispositif de Fle. “La CPU est en train de dresser un état des lieux”, précise Mathieu Schneider, vice-président Sciences en société. Cela explique le recrutement large : ils viennent de Montpellier, Le Mans, Toulouse, Paris, du Limousin, spécialement pour ces cours…  L’ouverture d’un deuxième groupe, pour le second semestre, est actuellement à l’étude. Son financement est conditionné aux moyens que l’université pourra dégager pour la formation de ces étudiants. « La volonté est là », précise Mathieu Schneider, qui espère trouver rapidement une solution. L’appel aux dons lancé en début de semaine par la Fondation Unistra pourrait utilement y contribuer. Malgré cela, les places promettent d’être chères : déjà 35 personnes inscrites sur liste d’attente, et les coups de téléphone continuent d’arriver, de toute la France.

  • L’université s’associe à l’action de parrainage d’enfants syriens lancée par l’association Alsace-Syrie, consistant à faire parvenir à ces jeunes du matériel scolaire et ainsi maintenir un niveau d’éducation dans les zones les moins touchées par la guerre civile. Trois points de collecte à l’université : au Spacs des personnels (rue Goethe), au centre sportif universitaire du Suaps (rue Gaspard-Monge), au SVU (rez-de-chaussée du Patio ou au Platane).

Elsa Collobert


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L’Unistra parmi des 100 universités les plus innovantes au monde

Le 15 septembre 2015, Reuters News a publié la première édition d’un classement des cent universités mondiales les plus « innovantes ». L’Université de Strasbourg y figure en 88e position.

En août dernier le classement de Shanghaï positionnait l’Université de Strasbourg au 87ème rang mondial, première université française hors Paris dans le « top 100 ». Si ce classement de Shanghaï reflète même imparfaitement l’excellence de la recherche fondamentale menée à Strasbourg, le nouveau classement édité par Reuters montre l’impact direct de cette recherche sur notre capacité à innover.

L’agence Reuters s’est basée sur dix indicateurs, tenant compte notamment du nombre d'articles publiés dans des revues scientifiques entre 2008 et 2013, du nombre de brevets déposés au cours de la même période, des publications co-signées avec un partenaire industriel, des publications de l’établissement citées par des brevets, des brevets de l’établissement cités par des publications d’autres acteurs, etc. Cela lui a permis de sélectionner les cent universités les plus innovantes parmi les 500 organisations académiques et gouvernementales ayant le plus grand nombre de publications sur la période 2008-2015.

Ce classement met en lumière l'importance qu'accorde l'Université de Strasbourg à la valorisation de ses recherches, notamment par le biais de la SATT Conectus Alsace, créée en 2012. L'université a choisi de confier à cette structure la valorisation des travaux de recherche menés dans ses laboratoires et son activité de transfert de technologie.

 

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Wendelin Werner, médaillé Fields, à la rencontre des lycéens alsaciens

Crédit : ETH Zürich/Giulia Marthaler

« Comment gribouiller au hasard ? » Wendelin Werner, Académicien et médaillé Fields 2006, répondra à cette simple question, expliquant ainsi certains aspects de la recherche en mathématique en évitant les  considérations techniques.

Après Cédric Villani en 2012, c'est au tour du moins célèbre mais tout aussi prestigieux mathématicien Wendelin Werner d'être l'invité de l'Unistra. Jeudi 12 novembre, à 14 h 30, dans le Grand amphi de mathématiques de l'UFR de mathématique et d'informatique, Wendelin Werner, lauréat de la médaille Fields en 2006 et membre de l'Académie des sciences depuis 2008, « gribouillera au hasard ». Son public : des lycéens alsaciens, qui auront ainsi un aperçu ludique du domaine des probabilités.

Comment dessiner ou choisir une forme au hasard ? La nature apporte de nombreuses réponses à cette interrogation. Parmi elles, le tracé d’une rivière, le contour des côtes et les lignes de niveau. Un constat : en fonction de l’algorithme employé pour générer aléatoirement un dessin, les propriétés de celui-ci peuvent être radicalement différentes.

À la fin de la conférence,  l’auditoire repartira avec les idées plus claires sur la recherche en mathématique : comment et où les mathématiciens puisent-ils leurs intuitions ? Quelles sont leurs motivations ? Et souhaiteront peut-être poursuivre leurs études dans le champ passionnant des mathématiques…

  • Places limitées et inscriptions obligatoires par mail

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Pour l'embarquement vers l’Antarctique, rendez-vous le 12 novembre

Crédit : G. Lecointre MNHN

Une enseignante qui prend le départ pour le pôle Sud, avec dans ses bagages des projets pédagogiques à destination des élèves : ça vous intrigue ? Rendez-vous jeudi 12 novembre, pour la présentation du projet « Embarquez en Antarctique ».

Le projet « Embarquez en Antarctique », initié par les Maisons pour la science au service des professeurs en Alsace et en Bretagne, est présenté au public lors d’une soirée de lancement, jeudi 12 novembre, à 17 h 45, à l'Atrium.

À la croisée des mondes et des disciplines, la Maison pour la science va missionner une enseignante pour un voyage d'exploration scientifique en milieu extrême. Elle embarquera avec elle des projets pédagogiques de professeurs pour exploiter des données de terrain avec les élèves. C'est une odyssée riche et longue qui s'annonce, et qui démarre avec cette rencontre grand public avec les équipes scientifiques partenaires, familières des terres australes. Un moment qui promet d'être riche en anecdotes complètement givrées sur la vie de chercheurs en milieux extrêmes.